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C'est le rapport qui accable toute une industrie: celle des eaux en bouteille.

Et il est très sévère envers l'un des plus gros acteurs du secteur, Nestlé Waters, et envers l'État.

La dissimulation par l'état des informations et décisions concernant Nestlé Water.

Nestlé Waters, c'est la filiale du groupe suisse qui commercialise notamment Perrier, Vittel, Contrex et Hépar.

Alors que reproche-t-on à Nestlé Waters et à l'État ?

Que s'est-il passé dans le secteur des eaux en bouteille?

Et Perrier va-t-il conserver son appellation d'eaux minérales naturelles ?

On rembobine tout, bienvenue dans ce nouveau business drama.

Tout commence fin janvier 2024 par une enquête conjointe du journal Le Monde et de Radio France.

Elle révèle que, pendant des années,
des eaux vendues comme 2 sources ou minérales naturelles ont subi des techniques de purification interdites.

La veille de la publication:
Nestlé Waters a reconnu dans les Échos avoir fait des erreurs.

Concrètement: avant les années 2020,
Nestlé Waters a mis en place des procédés qui étaient complètement interdits dans ces usines d'eaux minérales,
à savoir des filtres à charbon et un traitement aux ultraviolets.

Paul Turban est journaliste aux Échos, spécialiste de l'agriculture et de l'agroalimentaire.

Ce sont des procédés qu'on connaît très bien.

Puisqu'en fait, c'est des procédés qui sont utilisés pour traiter l'eau du robinet,
mais ils sont interdits dans le traitement des eaux minérales naturelles qui,
comme leur nom l'indique, doivent être naturelles.

Donc en fait, pour résumer, pour caricaturer un peu,
on peut dire que Nestlé Waters a vendu de l'eau du robinet en bouteille,
avec l'appellation eaux minérales naturelles et donc un prix beaucoup plus élevé.

Donc ça, c'est la première partie des révélations.

Ces pratiques illégales concernaient toutes les eaux minérales naturelles du groupe,
c'est-à-dire Perrier, Vittel, Contrex et Hépar.

En août 2021, Nestlé Waters rencontre le cabinet de la ministre déléguée chargée de l'industrie,
Agnès Pannier-Hunaché.

C'est la deuxième partie de l'affaire.

La PDG de Nestlé Waters reconnaît l'utilisation de traitements interdits.

C'était une situation héritée du passé dont je ne connais pas l'origine.

À ce moment-là, ils se tournent vers l'État et ils leur proposent une nouvelle solution qui est la microfiltration à cartouche à 0,2 micron.

Pour résumer, en fait, c'est une filtration très, très fine
qui permet d'enlever tout ce qu'on ne veut pas dans l'eau.

À ce moment-là, Nestlé Waters obtient l'accord de l'État, fait ses investissements.

Le problème, c'est que cette microfiltration n'avait pas l'aval des autorités sanitaires qui ont déconseillé d'autoriser ces procédés.

Malgré cela, Nestlé est autorisé à utiliser cette microfiltration suite à une concertation interministérielle dématérialisée.

Cette décision au plus haut sommet de l'État a été dénoncée par l'enquête sénatoriale sur les pratiques des industriels de l'eau en bouteille.

Ça, c'est le volet politique de l'affaire.

Le rapport indique, sur la base des documents recueillis par ses soins,
que la présidence de la République savait,
au moins depuis 2022, que Nestlé trichait depuis des années.

Par ailleurs, l'enquête révèle comment un rapport de l'agence régionale de santé d'occitanie
a été édulcoré à la demande du numéro un mondial des eaux en bouteille.

Sur le fond de l'affaire, un débat oppose les autorités sanitaires à Nestlé,
il porte sur la pureté des sources.

Autrement dit, pourquoi Nestlé Waters a-t-il traité ses eaux minérales naturelles ?

Nestlé Waters affirme que ces sources sont pures à l'origine et que sa filtration à 0,2 micron est mise en place
parce que ces eaux ont des caractéristiques particulières,
notamment des charges microbiennes naturelles un peu plus élevées,
et qu'eux ont besoin d'une filtration à 0,2 micron pour justement respecter la réglementation.

Selon Nestlé, ces sources ne sont pas contaminées de manière permanente.

Les autorités sanitaires, elles, pensent le contraire.

Ce que disent certaines autorités, elles,
c'est que en fait, aujourd'hui, on ne peut plus garantir la pureté des eaux de Nestlé
et en fait, ils soupçonnent tout simplement Nestlé d'avoir voulu désinfecter l'eau.

En 2003, l'ANSES a remis une note à l'État,
qui a été révélée pareil par des médias,
par le monde et Franceinfo.

Et cette note dit qu'il n'y a pas un niveau de confiance suffisante pour assurer que la qualité sanitaire des eaux de Nestlé Water s'est garantie.

Donc la question se pose.

Début mai 2025, les préfets des Vosges et du Gard ont finalement demandé à Nestlé Waters
de retirer les procédés de microfiltration mis en place sur ces eaux minérales naturelles.

Nestlé Waters aujourd'hui a une solution à proposer à la préfecture des Vosges,
qui lui a été suggérée en fait par les autorités des Vosges.

Donc, à bon espoir que ça se règle rapidement,
puisqu'en fait Nestlé Waters n'a que deux mois pour se mettre en conformité.

Ça concerne les usines Contrex et Hépars,
mais il y a aussi le cas Perrier, plus complexe,
dans le Gard.

Dans le Gard, c'est plus compliqué, Nestlé Waters nous a expliqué ne pas avoir eu de directive très claire pour l'instant de la préfecture du Gard.

Elle indique avoir plusieurs solutions à proposer aux autorités,
donc aujourd'hui elle attend le feu vert des autorités pour se mettre en conformité dans les temps.

Or, Perrier attend en ce moment même le renouvellement de son autorisation d'exploitation de sa source comme eau minérale naturelle.

Des hydrogéologues ont rendu un avis défavorable,
ils estiment qu'il y a des déviations microbiologiques à la source.

C'est un problème parce qu'une eau minérale naturelle ne peut pas être modifiée au cours du processus industriel,
si on a des bactéries à la source, on va avoir des bactéries dans la bouteille.

Ce que dit Nestlé Waters, c'est que,
oui, il arrive parfois qu'il y ait des contaminations,
mais Nestlé Waters dit ça fait partie du métier de minéralier.

Le préfet du Gard doit se prononcer avant le 7 août sur l'appellation d'eau minérale naturelle pour Perrier.

Ce que dit Nestlé Waters, c'est sans cette appellation,
de toute façon, la marque Perrier est vouée à disparaître.

Parce que ça pose un problème de confiance avec les consommateurs,
et notamment à l'export, puisqu'il faut savoir que la France a un grand exportateur d'eau minérale.

Pour eux ça signerait, si ce n'est l'arrêt de mort de Perrier,
au moins une forte, forte, forte baisse de la demande.

Dans cette affaire, Nestlé Waters a déjà payé une amende de 2 millions d'euros.

En plus, une information judiciaire a été ouverte en février à Paris contre le groupe Nestlé.