西语助手

Paris, c'est un peu plus de 2000000 d'habitants,
et si on fait le calcul,
ça fait environ 400000 kilos de caca.

Et tout ça avec nos eaux usées,
ça part dans les 2600 kilomètres de galeries et de tunnels
qui se trouvent sous nos pieds.

Bienvenue dans les égouts de Paris.

Alors faut se rendre compte,
tous les jours ils évacuent 850 1000 mètres d'eau usée,
soit l'équivalent de 200 piscines olympiques.

C'est le danger de prendre de l'eau dans le jargon,
on appelle ça prendre un bain de cul.

Comment ces galeries construites il y a plus d'un siècle
évacuent tous les jours les eaux de la capitale ?

C'est ce qu'on a cherché à comprendre dans ce C'est technique
qu'on vous emmène dans les entrailles de Paris.

Les 1000000 de litres d'urine, d'eau,
d'huile, de déchets et d'excréments produits par les Parisiens
sont évacués tous les jours dans ce réseau
qui reproduit presque à l'identique les rues de la capitale.

Donc dans chaque égout élémentaire,
vous trouverez le nom de la rue,
et quand vous allez avancer au fur et à mesure,
c'est comme au-dessus,
vous allez retrouver les numéros de rue,
et l'ébranchement particulier
qui correspond au bâtiment qui se trouve au-dessus.

Lui, c'est Sylvain, il est goutier depuis 17 ans
et ce sera notre guide pendant la visite.

Là, on se trouve dans un égout élémentaire
avec une main courante pour se tenir,
pour ne pas glisser, et en fait,
vous marchez dans le radier directement
et c'est là que s'écoule l'eau
et tout ce qui vient de la chaussée et des logements paritaires.

Si on court un égout en tranche,
on obtient cette forme ovoïdale,
qui permet de mettre le tuyau d'eau potable
et celui d'eau non potable en haut,
ainsi que les câbles
qui transmettent la fibre optique par exemple.

Les eaux usées, elles, arrivent sur les côtés,
en bas, et s'écoulent avec les eaux de pluie au sol.

Le réseau d'égouts de Paris, il est unique,
et ce, pour 3 raisons il est unitaire,
gravitaire et visitable.

Unitaire, ça veut dire que les eaux usées
et les eaux de pluie passent dans le même tunnel,
ce qui est surtout le cas des réseaux d'égouts anciens,
comme à Londres, par exemple.

Visitables, puisque les égouts sont conçus
pour être entièrement praticables par les égoutiers,
ils peuvent se déplacer sur la vaste majorité du réseau,
pour des travaux de maintenance et de nettoyage notamment,
et surtout gravitaires.

Et c'est le plus fou, la totalité de ce flux de,
rappelons le, 850000 mètres cubes par jour,
s'écoule par la simple force de la gravité,
du point le plus haut de Paris au point le plus bas,
sans recours à des pompes ou des systèmes électriques.

Pour réaliser cette prouesse technique,
les souterrains sont classés par taille.

Les plus petits sont les égouts élémentaires,
ils sont sous les rues classiques,
ils acheminent leurs eaux dans les collecteurs secondaires, plus grands,
qui se jettent même dans les collecteurs principaux,
souvent positionnés sous les boulevards.

Ils finissent leur course dans les émissaires,
des tuyaux de 2,5 à presque 7 mètres de diamètre
qui évacuent les eaux usées
en dehors de Paris vers les stations d'épuration.

Donc l'émissaire, on pourrait dire que
c'est l'autoroute des eaux avant le traitement en usine.

En fait, ça fonctionne exactement comme un ruisseau,
qui va jeter dans une rivière, puis dans un fleuve,
pour finalement arriver à la mer.

Ça permet de garantir un écoulement naturel.

À une exception près,
principal obstacle du réseau gravitaire,
le point le plus bas de Paris, la Seine.

Cette tuyau passe sous le fleuve
et transfère les eaux usées d'une rive à l'autre
grâce à un système de siphons et de vannes.

Bref, la grande majorité du réseau
est totalement économe en énergie.

Vous en doutez bien, un tel réseau,
ça fonctionne pas tout seul,
les garants de son efficacité,
ce sont les égoutiers.

Leur rôle, vérifier l'état de la maçonnerie, des équipements,
et surtout ils sont responsables du bon écoulement des eaux usées.

Ça, c'est des bateaux vannes,
c'est des engins qu'on utilise depuis plus de 100 ans.

Ils raclent le fond des égouts avec leurs coques,
afin de tasser les dépôts
qui s'y accumulent et de dégager les plus gros déchets.

Donc il nous faut 6 égoutiers
pour travailler sur un bateau,
et un égoutier en garde orifice qui reste à la surface,
pourquoi si jamais il y a un orage au-dessus,
il faut que quelqu'un puisse nous prévenir
qu'il y a un orage parce que c'est très dangereux,
l'eau monte très très vite,
les égoutiers se mettent à l'arrière,
donc on a un de chaque côté, le chef d'équipe,
il leur dit 3, 2, 1, envoie.

Et donc là, on lâche le bateau, il avance d'un coup...

Les bateaux parcourent 25 mètres par jour environ,
à la seule force de l'eau.

Les manoeuvrer, c'est dangereux,
ça se passe dans l'obscurité avec un sol ultra glissant
à cause des huiles rejetées par les Parisiens,
et tout ça avec des engins qui font entre 10 et 18 tonnes,
mais ce n'est pas les seules difficultés.

C'est le danger, c'est de prendre l'eau dans le jargon,
on appelle ça prendre un bain de cul.

Le bateau, quand on lâche, il a tendance à faire une vague,
et donc des fois, la vague retourne et retombe dans le bateau,
et donc là on risque vraiment de couler avec le bateau.

Donc j'ai déjà coulé 2 fois, après il faut juste nager.

Tout ça rend le métier des goutiers particulièrement risqué.

Entre les accidents et la pollution,
ils sont victimes d'une surmortalité de 56 pour 100.

Mais pour autant, leurs conditions de travail se sont améliorées.

Ce petit appareil nous prévient des gaz
qu'on va rencontrer en égout,
comme le monoxyde de carbone ou le H2S,
qui est explosif.

Donc quand je suis arrivé, on en avait un pour 8,
et maintenant on en a un chacun.

Le métier d'égoutier, il est né au XIXe siècle,
en même temps que les égouts.

À Paris, un petit réseau existait déjà depuis le XVIe siècle,
mais c'est sous l'impulsion du baron Haussmann
et de l'ingénieur Eugène Belgrand
que le réseau a été réellement organisé à partir de 1854.

Il y avait un réel besoin d'hyginisation de la capitale,
qui faisait face à des épidémies tous les ans
dues à l'insalubrité de la voie publique.

Des grands tunnels d'égouts sont construits
en même temps que les grands boulevards,
juste en dessous.

Et le chantier, il est titanesque,
puisqu'on passe en 150 ans d'un réseau de 143 kilomètres
à celui de 2 600 kilomètres qu'on connaît aujourd'hui.

Il a donc été modernisé depuis les années 90.

Ce caphar de tunnels, de tuyaux, de canaux,
c'est un gros bordel organisé,
organisé grâce à certains système informatique
comme le système Gaspard et le système Tigre.

Tigre permet une surveillance informatisée de l'état du réseau
et Gaspard est un logiciel qui commande les capteurs
et vannes installés dans le réseau
afin de mieux contrôler les flux
et lutter contre la pollution de la Seine.

Et justement, si on parle de la Seine,
c'est pas pour rien,
depuis les JO elle est au centre des débats.

Se baigner, non merci,
on n'a pas envie de ressortir avec 3 bras en fait.

Qu'est-ce que ça fait alors de nager dans la Seine?
C'est génial, elle est bonne, elle est douce.

En fait, chaque année,
99% des eaux usées sont traitées
avant d'être rejetées dans la Seine.

Problème, quand il pleut beaucoup,
les égouts débordent, et pas le choix, il faut ouvrir les vannes.

Soit on inonde Paris, soit on rejette en Seine,
et donc des 2 solutions préfèrent rejeter en Seine,
mais malgré tout, on essaye de rien rejeter en Seine.

Pour éviter ça, les égouts disposent de 45 déversoirs d'orage,
qui permettent de stocker le plus d'eau possible
quand le réseau est saturé.

On a franchi une grande étape cette année
avec la mise en service du bassin d'Austerlitz,
qui est un bassin de stockage, et qui va permettre,
justement quand il y a des épisodes de pluie très intense,
de stocker énormément d'eau,
l'équivalent de 50 piscines olympiques.

Et finalement.

Malgré un réseau vieux de plus d'un siècle,
les égouts de Paris parviennent à contenir
et acheminer hors de la capitale
pas loin d'un 1000000 de mètres cubes par jour.

Tout ça arrive dans des stations d'épuration
grâce aux réseaux d'émissaires de 500 kilomètres de long.

Mais oui, rappelez-vous, les autoroutes des égouts,
avec les eaux usées de Paris et de sa banlieue,
c'est 2,5 1000000 de mètres cubes
qui sont traités quotidiennement dans ces stations.

C'est grâce à cet immense réseau et tous ces grands travaux
que la Seine sera bel et bien baignable par endroits en 2025.

On sait que la qualité de l'eau allait quand même mieux
puisqu'il y a des espèces de poissons qui sont revenus,
qui avaient disparu.

Moi qui pêche, j'ai pris un brochet il n'y a pas très longtemps,
donc il y avait longtemps que
je n'avais pas vu un brochet en scène,
donc on peut dire quand même que ça s'améliore.