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[每日听力]纪录片|拯救巴黎圣母院

2025-06-09

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Sauver Notre-Dame


Monsieur, madame, s'il vous plaît, recule.



Éventrée, dévastée, Notre-Dame de Paris se réveille à l'agonie.



Libérée des flammes par les pompiers,
la cathédrale n'est pas sauvée.



Sa flèche a transpercé ses voûtes.



Sa charpente a disparu.



Ce chef-d'œuvre architectural vieux de 850 ans,
est en péril imminent.



Après la violence du drame,
la reconstruction est pour l'instant impossible.



Le seul objectif aujourd'hui,
est d'empêcher le bâtiment de s'effondrer.



J'ai toujours très peur,
qu'une pichenette et boum, tout tombe.



Si l'échafaudage tombe,
on va avoir un effondrement majeur sur la cathédrale.



Il faut faire très, très vite.



Parce que ça peut dégrader très, très vite d'un coup.



Pendant un an,
une centaine d'hommes et de femmes,
accourue au chevet de Notre-Dame,
va se battre jour après jour,
pour empêcher la disparition de notre patrimoine.



Il faut la sauver.



On n'a pas le droit de pas réussir.



Un an de course contre la montre,
affronter ensemble la pression, le danger, l'inconnu,
et un ennemi toxique : le plomb.



Un an de défi et d'exploit technique,
un an à se dévouer corps et âme,
à la mission qu'ils se sont donnée.



C'est le chantier d'une vie.



Et je voulais que ce soit le chantier de ma vie.



Un an dans l'intimité d'un chantier hors norme pour...



Le jour se lève à peine sur la cathédrale sinistrée,
mais déjà des équipes d'intervention sont sur le pied de guerre.



Pas une minute à perdre.



Pour ces dizaines d'ouvriers de Compagnon du Devoir mobilisés pour sécuriser l'édifice en danger,
Si jamais ça, ça vient à lâcher,
Ouais, bah, tout d'un coup,
Tout de suite, on s'est mis au boulot.



On s'est tellement mis au travail.



C'était vraiment dans des conditions petit bungalow.



On était à 30 là-dedans,
alors que c'était prévu pour 10.



Il y a une espèce d'émulation incroyable.



Philippe Villeneuve est l'architecte en chef de Notre-Dame,
dévoué à la cathédrale depuis 7 ans.



Le voilà brusquement propulsé à la tête des sauveteurs.



C'est lui qui va piloter les travaux,
et organiser en quelques heures,
ce qui prendrait d'ordinaire plusieurs semaines.



Face à l'importance de la tâche,
il fait appel à Rémi Fromont,
jeune architecte en chef des Monuments historiques,
qui sera son bras droit sur ce chantier inédit.



Faut qu'on pense tout en même temps,
c'est pour ça que tout ce que j'arriverai pas,
on est plusieurs dessus.



Très rapidement, on a réussi à converger vers un projet,
qui a été donné par Philippe Villeneuve,
dès les premières heures après l'incendie,
qui est avant tout la stabilisation de la cathédrale.



Il faut se faire très, très vite.



Parce que ça peut dégrader très, très vite d'un coup.



Pompiers et inspecteurs de police accompagnent Philippe dans son état des lieux.



Une enquête est ouverte sur l'origine de l'incendie.



Mais l'architecte s'inquiète surtout des menaces qui pèsent sur l'édifice.



Ce qui serait bien, c'est qu'on puisse avoir une nacelle,
pour aller voir de très, très près le pignon Nord,
parce que c'est vrai que ce côté-là est l'endroit le plus dangereux.



-Il y a pas de risque d'effondrement ? -Si, si, justement.



Les pignons, ce sont ces triangles de pierre qui surplombent la cathédrale.



La première urgence est identifiée : la charpente ayant brûlé,
ils ont perdu leur soutien.



Il faut les empêcher de s'effondrer.



C'est-à-dire qu'en fait, un pignon aurait pu tomber,
soit côté voûte et effondrer les voûtes,
soit côté rue et défoncer les immeubles d'habitation.



Pour les consolider, il faut découper les statues qui trônent à leur sommet.



Chacune pèse 1,3 tonne.



Au moindre souffle de vent, elles risquent de tomber.



Le périmètre est bouclé.



Une manœuvre périlleuse commence sous l'œil vigilant des pompiers.



La grue envoie 4 hommes à 45 m de hauteur.



Parmi eux, Nicolas Desnoé, tailleur de pierre depuis 20 ans.



On commence à tronçonner.



On voit la poussière qui sort de la nacelle.



Ça fait un grand nuage de fumée.



Là, on se dit : il est possible que la statue tombe.



Bien sûr qu'on l'a accrochée à la grue,
mais il y a un risque que ça glisse.



Que ça glisse, couche sur la nacelle, on est morts.



La décision est lourde à porter pour celui qui les a envoyés tout là-haut,
Didier Durand, le chef des tailleurs de pierre.



J'ai dû perdre 10 ans de ma vie,
quand vous envoyez quatre compagnons découper une statue.



Et les risques étaient normes : si la statue venait se coucher sur la nacelle,
je pense que je serais pas descendu à pied.



J'aurais suivi les gars.



Je cache pas qu'à la fin de la journée,
on en prenait ; j'y suis pas arrivé encore.



C'est quelque chose de... Voilà, stop.



Une fois qu'elle est décalée de la nacelle,
elle est hors de portée.



On sait qu'il y a plus de risque pour nous.



La mission est remplie.



On ressent un soulagement et de la fierté.



Cette victoire est capitale.



La menace de la statue écartée,
le pignon peut être sécurisé.



C'est aux charpentiers de passer à l'action.



En moins de 24 heures, ils fabriquent de gigantesques attelles de bois,
qui seront fixées sur le triangle de pierre pour l'immobiliser.



Yann Meusnier est un ancien militaire devenu charpentier.



Ce passionné s'est immédiatement rendu disponible pour apporter son savoir-faire.



C'est beaucoup de sentiment, en fait, une fois qu'on est là-haut.



Premier sentiment déjà, c'est de se dire qu'on est sur la cathédrale.



Qu'on est à 30-35 m de haut.



Avoir le vent qui claque dans le visage.



Avoir toutes ces portées de bois monstrueuses qui arrivent.



Ces petites montées d'adrénaline qui étaient très fortes.



Avec Antoine et Yves, ses chefs d'équipe,
Yann est très vigilant.



Le pignon sur lequel il travaille côtoie un inquiétant échafaudage calciné.



D'un côté, ce fameux échafaudage qui a brûlé,
qui est quand même assez château branlant.



On ne sait pas trop encore si ça tient vraiment ou pas.



Et puis les pignons, il y a aussi un peu cette mission de rien toucher.



Ça joue au centimètres, quoi.



au demi-centimètre près.



Après 48 heures nonstop, la mission est un succès.



Ceinturé de part et d'autre par le bois, le pignon ne bougera plus.



4 jours après l'incendie, le niveau d'alerte monte.



Ici, toute la toiture et ici, tout a brûlé.



Il y a des soudures de bâche à faire.



De la pluie est annoncée pour bientôt.



Elle serait dévastatrice pour la cathédrale éventrée.



Le pire ennemi d'un édifice, c'est de rester surtout avec de l'eau,
qui rentre dedans, surtout après un incendie.



L'enjeu est de la protéger avant les premières averses.



Les hommes qui mènent cette intervention vitale,
ce sont les cordistes.



Ces compagnons sont dans leur élément.



Affronter le danger, c'est leur métier.



À la tête de l'équipe, Grégory Vacheron, 33 ans.



Nous, les cordistes, on va à des endroits où personne ne va.



Ce n'est pas forcément une grande hauteur,
c'est un accès difficile.



Le vrai terme, c'est « travailleur en accès difficile ».



En un temps record, ils déploient des milliers de mètres carrés de bâche,
sur les toits et sur les façades.



Chaque ouverture est colmatée.



La course contre la montre continue.



Leur mission à peine terminée,
les cordistes partent intervenir sur l'échafaudage calciné.



Celui qui surplombe le centre de la cathédrale.



Lorsque Notre-Dame a pris feu,
un chantier de restauration venait d'installer autour de la flèche, aujourd'hui disparue.



Cette structure de métal de 300 tonnes,
conçue par l'équipe de Didier Cuiset.



Lui sait mieux que tout autre qu'il faut impérativement sécuriser la zone.



Il y a 200 tonnes en haut qui sont brûlées, qui sont ratatinées.



Il faut pas oublier que du côté des tours,
l'échafaudage a pris la flèche carrément dessus.



Personne n'aurait même pensé qu'il soit encore debout, quoi.



Alors là, ce n'est pas un danger de hauteur.



On est habitués à travailler sur des bâtiments bien plus grands.



Là, le danger c'est vraiment l'environnement,
l'environnement qui est très instable.



Le responsable des cordistes, Guérin Chatenet, prend le contrôle des opérations.



On a fait des études photographiques, etc., de l'échafaudage.



Il y a des éléments menaçants qui peuvent à tout moment basculer
et venir percuter des gens.



Donc, on nous demande de poser un filet en dessous de l'échafaudage,
au plus haut possible au-dessus des voûtes.



Dans les conditions qui sont l'échafaudage,
on n'a pas le droit d'aller en dessous, de mettre la vie de quelqu'un en danger.



Donc, on va tirer au lance-amarre pour passer des câbles.



C'est un pistolet pneumatique.



ça nous permet de faire traverser des grandes distances.



L'outil a la puissance d'une arme.



Il faut viser juste pour ne surtout pas déstabiliser la structure.



Il y a une légère pente quand on tire.



il faut calculer où ça va passer,
où est-ce qu'on va atterrir.



On sait pas si l'échafaudage va vaciller.



on imagine plein de scénarios.



Je sais pas si j'avais vraiment envie de le faire,
par contre, je savais que c'est à moi de le faire, donc...



dans les moments difficiles,
que ce soit de la vie ou au travail,
on peut pas s'arrêter à avoir peur.



En tout cas, moi, je veux pas que la peur me freine.



Le premier coup.



Grâce à la maîtrise de Guérin,
le filet peut être tendu par son équipe.



À l'avenir, si un élément tombe de l'échafaudage,
sa chute sera stoppée.



Attelles de bois, bâche, fils de protection...



Les premiers secours ont été administrés avec succès.



Mais Notre-Dame est loin d'être sauvée.



Pour Philippe Villneuve, la tâche qu'il reste à accomplir est titanesque.



L'architecte se consacre à la restauration du bâtiment depuis 2013,
suite à l'incendie, sa mission est devenue existentielle.



La charge émotionnelle était d'une violence insupportable.



Quand j'ai su que Notre Dame brûlait,
je me suis dit : "Villeneuve, il va être détruit.



On va le ramasser à la petite cuillère, il pourra plus rien faire."
Et en fait, au contraire, il s'est passé l'inverse.



En fait, il s'est sublimé.



Il a réussi, je sais pas par quel mécanisme psychique,
à fermer la porte à tout cet affect énorme qu'il avait avec la cathédrale,
se dire : "Maintenant, il met toute sa personne pour relever l'édifice."
J'ai totalement mis de côté
ma blessure.



Je vis Notre-Dame, je bouffe Notre-Dame, je bois Notre-Dame.



Je respire Notre-Dame, je pense Notre-Dame.



Je ne dors plus, Notre-Dame.



Et même quand ça ne se voit pas, je pense violemment Notre-Dame tout le temps.



Je ne m'imagine pas une seconde faire autre chose
que de rendre Notre-Dame comme elle était au monde.



C'est mon devoir.



Le défi historique que représente ce sauvetage
est le ciment qui unit tous ces bâtisseurs.



À mesure que les semaines passent, le chantier trouve son rythme.



La fourmilière s'installe au milieu des chimères.



On échafaude tout le pignon jusqu'en haut,
comme ça, on n'est plus obligé de bloquer les rues.



S'il y avait quelque chose qui tombait, c'est bloqué par les filets.



De nouveaux échafaudages sont montés autour de la cathédrale.



Le minutieux travail de ces hommes est indispensable pour tous les corps de métier.



Sans eux, rejoindre chaque espace de l'édifice fragilisé
serait impossible.



Une base de vie est construite avec des espaces pour les vestiaires,
le stockage de matériel et les réunions innombrables,
car avant de faire, il faut penser.



Déterminer l'ordre des interventions est primordial pour gagner en temps et en efficacité.



Tiens, viens voir si j'ai dit une connerie.



Pendant qu'on dépose ce truc-là,
on peut faire le nettoyage, le tri des voûtes.



-Tu mets pas sur cintres avant le... -Ce serait idiot de... -Je pense ce serait mieux de le faire.



Il faut pas raisonner en tâches qui s'enchaînent les unes après les autres.



Oui, exactement.



Et il y a toujours de l'inconnu, en fait.



Il faut partir des principes en fait qu'on ne va que dans des territoires inconnus
et après on se protège pour évoluer dans ce territoire inconnu.



Les architectes tentent de tout prévoir, tout planifier.



Sont-ils vraiment maîtres du destin du chantier ?



Car un ennemi se cache à l'intérieur de Notre-Dame.



Une menace omniprésente pour les hommes et les femmes qui travaillent :
le plomb.



Lors de l'incendie, une partie des 400 tonnes de plomb qui servaient de toiture
a dispersé dans le ciel.



Mais le reste, fondu ou à l'état de poussière,
se loge dans les décombres.



Pour se protéger, tous les travailleurs doivent désormais porter un équipement adapté.



C'est une combinaison intégrale, un peu en papier, que l'on doit mettre,
avec une capuche.



On doit travailler avec des gants,
il doit y avoir aucun contact d'air.



Donc, on scotche la combinaison aux gants.



Et pour certaines parties du chantier,
on est obligé d'intervenir avec ce que l'on appelle un masque ventilé.



En fait, c'est un masque intégral qui prend complètement le visage
et qui est relié à des cartouches filtrantes que nous avons à la taille.



Protégé de la tête au pied,
les cordistes partent pour une mission à haut risque.



Pour la première fois, ils vont pénétrer au cœur de l'échafaudage calciné.



Ils vont s'approcher au plus près du monstre que chacun redoute,
s'y accrocher même pour poser des capteurs ultra sensibles,
capables de réagir au moindre mouvement de l'échafaudage.



L'intervention doit être rapide.



Ils n'ont que 2 heures devant eux,
c'est le temps d'air filtré dont ils disposent sous leur masque
contre la poussière de plomb.



Il ne faut pas se tromper,
mettre le pied au bon endroit.



La tension peut retomber.



Les cordistes ont fini dans les temps.



Désormais, toute oscillation de structure déclenchera une alarme.



Et l'évacuation du chantier.



Les échafaudeurs n'ont qu'un objectif :
retirer le monstre qu'ils ont créé malgré eux.



S'il finissait par lâcher,
sa chute pourrait entraîner celle de toute la cathédrale.



En gros, là, je vis que pour un but : c'est démonter cet échafaudage-là.



et qu'on en parle plus.



Voilà, ouais, et ça n'obsède pas que moi.



Ça obsède mes collègues aussi.



C'est notre échafaudage, il faut qu'on enlève ça.



Et entre guillemets : faut qu'on enlève cette verrue qui est au milieu de la cathédrale là.



Les risques pour Notre-Dame sont trop importants à ce stade pour intervenir.



Si on retire un élément,
il y a risque de faire tomber tout le reste.



Donc, il va falloir venir par approche excessivement fine.



Pour surtout pas venir faire de choc qui risquera d'ébranler les voûtes
et de créer des effondrements.



C'est un défi sans précédent.



Tout doit être méticuleusement préparé et sécurisé.



La structure de la cathédrale a encore besoin d'être renforcée,
malgré le sentiment d'urgence.



il faut être patient.



Cet après-midi, je vais chez le Président.



Le sauvetage de Notre-Dame préoccupe autant les ouvriers du chantier
que les pouvoirs publics.



Depuis le 16,
aucune dans la cathédrale.



une ou deux.



c'est tout.



Dans son combat, Philippe Villeneuve peut compter sur le soutien du général Georgelin,
mandaté par l'Élysée pour gérer l'avancée des travaux,
comme de Monseigneur Chauvet, le recteur de Notre-Dame.



Tous veillent à la préservation de ce patrimoine inestimable.



Imaginé par un homme d'église, conçu par des architectes,
édifié par des milliers de bâtisseurs,
magnifié sous la plume de l'un des plus grands écrivains français,
Notre-Dame de Paris est un héritage que nous partageons tous.



La sauver, c'est bien plus que sauver des pierres.



Je pense que Notre-Dame est dans la peine.



Elle voyait 35 000 personnes par jour,
aujourd'hui, plus personne.



Le vide, le silence.



Moi, la première chose que je ressens, en fait,
c'est une immense force spatiale.



C'est un objet qui dégage une force.



Il y a assez peu d'édifices qui ont cette plénitude, cette harmonie.



On perçoit que cet édifice a quelque chose en plus que les autres.



Est-ce que c'est quelque chose de spirituel, plus que matériel ?



Est-ce que c'est un petit peu tout ça en même temps ?



Moi, je pense que c'est un petit peu tout ça en même temps.



Il y a quelque chose de plus, en fait, qui unit tous ces cailloux
que simplement du mortier.



C'est un hymne au génie des hommes.



C'est un hymne à la beauté.



C'est un hymne assez spirituel.



Et c'est toute l'âme de l'humanité qui est dans ces tas de pierres,
qui sont agencés les uns sur les autres,
avec un génie miraculeux.



Il y a les compagnons du devoir qui font tenir les pierres,
moi, il faut que je fasse tenir l'âme.



Et c'est difficile.



L'âme, elle est blessée.



Peut-être est-elle en retrait un peu.



On peut pas comprendre ça, c'est insaisissable.



C'est le mystère, voilà.



Et ça, il faut que je défende le mystère de Notre-Dame.



Dans la cathédrale défigurée,
les machines prêtent main forte aux hommes.



Une aide précieuse pour les archéologues,
qui dirigent depuis les premiers jours le déblayage de la nef.



Malgré les filets, la zone est dangereuse.



C'est là que la flèche s'est écroulée,
frappant l'échafaudage et transperçant les voûtes.



Seuls ces engins téléguidés peuvent aller récupérer les débris au sol,
du bois, de la pierre, du métal enchevêtrés.



L'archéologue Marc Viré est un amoureux de Notre-Dame depuis des années.



J'ai pleuré énormément.



Pour moi, le drame de Notre-Dame de Paris,
c'est un membre de ma famille qui vient de mourir.



Accouru dès les premiers jours au chevet de la blessée,
Marc met aujourd'hui son expertise au service de ces fouilles inédites.



Pour le commun des mortels, ce serait des gravats à évacuer,
pour nous, ce ne sont pas des gravats.



Ce sont des éléments authentiques de l'édifice qui sont tombés,
et que nous traitons exactement comme on le ferait pour des vestiges archéologiques.



Pelleteuse après pelleteuse, nous prenons des choix d'attaque.



c'est comme je le ferais sur un terrassement, une fouille archéologique.



On dit : "Voilà, là où c'est judicieux."
il faut pouvoir passer,
pour pouvoir s'avancer,
là où on ne déstabilise pas le tas,
là où on peut creuser.



On numérote chaque passage de pelleteuse.



l'un de leurs salariés photographie le chargement,
pour localiser où ça vient.



et ensuite on trie.



On garde la mémoire, de manière à ensuite
les remettre dans le lieu où les matériaux étaient exploités.



Cette pierre était très bien sélectionnée,
parce que la plupart des éléments que nous voyons à l'œil
et ceux que nous sortons sont intacts.



Donc, la bonne nouvelle c'est que ces éléments,
nous pourrons les reposer.



Les bois calcinés de la charpente historique de Notre-Dame
sont trop abîmés pour être réutilisés.



Chaque élément de la charpente est porteur en soi d'une histoire,
l'histoire de l'environnement, l'histoire du paysage autour de Paris,
l'histoire du climat.



Tout ça était contenu dans ces charpentes anciennes.



Le drame absolu que représente l'incendie,
c'est une perte irrémédiable.



Là, pour le fait, on peut réellement parler de bibliothèque qui brûle.



Fort heureusement, tout n'a pas brûlé ou mal,
et ce qui a mal brûlé, nous allons essayer de le faire parler.



Les archéologues ne sont pas les seuls à vouloir faire parler ces gravats.



Dans les décombres, les enquêteurs espèrent trouver une réponse à cette question :
qu'est-ce qui a mis le feu à Notre-Dame ?



Les casques noirs de la police scientifique traquent les indices,
chaque morceau de métal, d'outils,
et la moindre présence d'une altération humaine.



Ces scellés mettront des mois à révéler leurs secrets.



Aucun élément, aucune découverte susceptible d'entrer dans le champ des investigations
ne doit à ce stade être dévoilé.



3 semaines après l'incendie,
Notre Dame souffre encore en profondeur,
et à de multiples endroits.



Tous les corps de métier s'activent pour panser ses plaies.



Les charpentiers continuent de soutenir la pierre par le bois,
partout où elle en a besoin.



Tailleurs de pierre et architectes s'inquiètent jour après jour des dégâts provoqués par le feu.



Sur les hauteurs, le calcaire s'effrite comme du sable.



Le diagnostic est préoccupant.



Les murs ont perdu le tiers de leur résistance.



Mais là, on voit bien que la pierre est fendue en deux.



À cause du métal qui a chauffé, qui a fait péter la pierre.



Les petites colonnettes qu'on a ici sont complètement explosées.



Et c'est très dangereux, parce qu'il suffit qu'il y en ait une qui claque, tout le reste tombe.



Là, on voit tout est en train de se décoller.



En fait, la rose elle-même se désolidarise de l'arc de décharge.



Moi, j'ai peur qu'avec les microfissures qu'on a, en fait, tout descende.



On a quand même plein de pierres malades à l'intérieur.



Je pense qu'elles sont cramées.



Donc, ça c'est des pierres qu'on va devoir changer vraisemblablement.



Jazon et Vincent, deux tailleurs de pierre,
accompagnés de Marion, apprentie maçonne,
plâtrent les chimères pour les déplacer en toute sécurité.



Elle a l'air en très bon état comme ça,
mais on pourrait facilement la casser en dehors, en fait.



Les voûtes aussi sont-elles devenues fragiles ?



La question inquiète.



C'est sur cet impressionnant plafond de pierre, caractéristique de l'architecture gothique,
que repose l'équilibre de la cathédrale.



Faut savoir que les voûtes,
le concept architectural de voûte a été inventé
comme une protection contre les incendies au Moyen Âge.



Ce qui veut dire que s'il n'y avait pas eu de flèche à Notre-Dame,
et bien il n'aurait pas eu de dégâts à l'intérieur.



Trois d'entre elles étant détruites,
l'effondrement d'une seule nouvelle voûte pourrait provoquer une réaction en chaîne fatale.



Il faut rapidement les expertiser.



Ce qui nous fait le plus peur sur ce chantier,
c'est qu'on ait un effondrement brutal des voûtes.



C'est un château de cartes qui peut tomber.



Comme les voûtes sont inaccessibles,
c'est aux charpentiers que revient la première étape de l'intervention.



Ils construisent une plateforme juste au-dessus du plafond de pierre,
les cordistes pourront se suspendre à la structure de bois
pour débarrasser les voûtes de tous les débris accumulés
et ainsi évaluer leur état.



15 mai, un mois après l'incendie,
une partie de la plateforme est installée au-dessus d'une des voûtes les plus abîmées.



Les cordistes se transforment en mineurs,
prêts à s'enfoncer dans l'inconnu.



On a aucune certitude de la qualité de la voûte restante.



Comme il y a eu un incendie,
on sait pas exactement à quel degré elle est encore résistante.



Moi, j'ai envie de te dire que ça va pas poser de problème,
mais on sait jamais.



Connaître l'état des voûtes est indispensable pour anticiper les travaux sur le long terme,
et surtout savoir où intervenir pour empêcher tout nouvel effondrement.



Il faut enlever les éléments qui sont posés sur la voûte,
sans rajouter un poids supplémentaire sur la voûte.



Donc, on doit toujours être en suspension, en positionnement à ras de la voûte.



Physiquement, c'est quand même assez costaud.



Au milieu des cendres et de la poussière de plomb,
ce qui avait été assemblé à la main il y a des siècles
est retiré élément par élément.



Une tâche éreintante qui va durer plusieurs semaines,
et qui au fil des jours rappelle à ces hommes le sens de leur métier.



Je faisais pas grand chose à l'école,
on m'a toujours dit je ferais rien de ma vie,
mais maintenant j'ai l'impression de faire quelque chose de ma vie.



J'ai l'impression que voilà, jusqu'à présent,
je me préparais, je m'entraînais,
comme si tout, toute ma carrière, je m'étais entraîné à ça.



Je me suis dit : "Mais en fait, c'était peut-être ça ma destinée",
être un gamin de 5-6 ans qui tombe amoureux de cette cathédrale.



Ça m'a fabriqué.



On se dit peut-être que tout ça c'était pour ça,
donc du coup on se dit qu'on n'a pas le droit de baisser les bras.



Donc ça aide à tenir,
parce que c'est vrai que c'est quand même très, très violent.



20 mai, une décision vient d'être prise en haut lieu,
les normes de sécurité sur le site sont relevées.



En cause, le plomb.



Qui inquiète autant l'inspection du travail que les riverains.



Il faut épurer impérativement,
il faut mettre partout les panneaux "chantiers interdit", machin, etc., au public.



blabla, tout ça.



Ça se paraît qu'il faut le faire au plus vite.



Cerné de palissade, le chantier s'isole du reste du monde.



Partout, on traque les poussières toxiques.



L'accès au chantier est scrupuleusement contrôlé.



Chaque ouvrier doit suivre une formation
et mesurer régulièrement son taux de plomb dans le sang.



Les analyses sont obligatoires, on doit les faire tous les 3 mois.



Ce qu'on appelle une plombémie,
donc c'est une prise de sang qui va mesurer le taux de plomb
que nous avons absorbé, si on a lieu d'absorber.



Donc on a une dose minimale et une dose maximale à ne pas dépasser.



Bonjour Traoré, ça c'est une ordonnance pour au labo pour (...)



lundi elle sera pas là.



Jamais sur notre chantier.



Tu sais, leur taux de plomb en femme,
il est plus bas que le nôtre.



Et elle dépasse pas, mais elle est à la limite.



Donc je préfère pas prendre de risque avec elle.



Va faire des vacances.



Oui, moi aussi.



Oui, trop cool.



Tu vas pouvoir arriver à la boîte tous les jours.



Et pour le reste, j'ai regardé,
vous êtes tous dans les normes.



Bien, bien en dessous des seuils.



On a eu deux femmes, Marion et Cécile, qui ont été sur le terrain.



Notre médecin du travail nous a simplement signalé,
attention, elles flirtent avec la moyenne.



Et donc la solution c'est on les sort du chantier,
on les met, ce qu'on appelle, les mettre au vert,
on les met sur un autre chantier,
pour faire redescendre le plomb.



C'est pas pour autant qu'elles ne font pas leur prise de sang,
on continue à faire leur prise de sang,
on continue à être dans un équilibre.



Les craintes parfois s'accumulent comme ce jour de juin,
où la peur du plomb cède la place à l'angoisse du vent.



Notre-Dame résistera-t-elle aux assauts de la tempête qui s'annonce ?



La tempête Miguel, avec donc de fortes rafales de vent,
c'est une tempête assez inhabituelle,
des pointes à 90, voire 110 km/h.



Grande prudence tout au long de cette journée jusqu'à ce soir.



La cathédrale a tenu bon.



Mais le passage de la tempête a créé des remous dans l'équipe.



Alors que Didier, le responsable des échafaudages, en avait interdit l'accès,
certains ont pris l'ascenseur qui conduit sur les hauteurs,
au mépris des consignes de sécurité.



Si moi, j'ai évacué mes personnes,
et que je demande qu'on évacue tout le monde là-haut,
si moi je dis de bloquer les rues, si je dis de bloquer,
et qu'on vient de me demander les clés pour le lift,
et puis pour faire monter l'ascenseur,
alors que j'ai interdit le chantier parce qu'il y a trop de vent.



Vous arrêtez le chantier,
vous venez pas me demander les clés du lift et compagnie.



Une pierre, ça change.



Un homme, ça change pas.



Quand vous aurez compris ça, vous aurez tout compris.



Non, non, mais moi je le dis, je le débloque moi en pleine réunion, moi.



Vous êtes des inconscients !



Vous êtes des inconscients !



Après, il y a un escalier.



Si vous avez envie de monter à l'escalier,
allez prendre des risques, c'est vos risques.



c'est pas les miens.



Ça fait deux mois qu'on voyait l'échafaudage comme ça.



Maintenant, voilà, on est habitués.



Il faut faire gaffe, parce qu'en fait on rappelle que
l'échafaudage aujourd'hui n'est pas considéré comme stable.



Didier s'est inquiété à juste titre.



Les capteurs posés sur l'échafaudage calciné
ont enregistré des mouvements alarmants.



Pendant la tempête,
le monstre de métal s'est déplacé de plus de 10 cm à son sommet.



Un pilier s'est brusquement affaissé avant de se stabiliser en extrême.



Mon confrère Rémi Fromont m'a signalé
qu'il y avait peut-être des fissures en plus.



Tout à l'heure, j'ai regardé à l'intérieur si je voyais des fissures.



J'en ai pas vu.



Cet échafaudage est une énigme.



Il a résisté au feu et à la tempête.



Sur le chantier, on le craint autant qu'on le respecte.



J'aurai toujours une énorme admiration pour ceux qui l'ont conçu, qui l'ont monté,
parce qu'il faut imaginer que
si on avait dit : "Oui, oui, c'est pas grave,
vous pouvez vous appuyer sur la flèche, passer dans la flèche,
en appui sur la charpente, par exemple."
Bah, la charpente et la flèche étant parties,
l'échafaudage serait venu avec.



En fait, toutes les voûtes autour auraient probablement explosé.



Peut-être que l'échafaudage aurait basculé d'un côté.



On sait pas, on sait pas.



Là, ce qui a sauvé vraiment l'édifice,
je crois vraiment c'est cet échafaudage.



D'une menace à l'autre, les priorités s'enchaînent.



Le déblayage de la voûte a révélé une situation critique.



Certaines pierres sont prêtes à tomber.



C'est une opération particulière aujourd'hui qui va se passer dans la voûte.



Il y a des pierres qui sont vraiment au-dessus du trou.



On est là pour faire de la mise en sécurité.



Donc, tant qu'on est là, c'est qu'il y a des choses instables.



Mais là, aujourd'hui, c'est vraiment très instable.



Intervenir dans un milieu aussi instable,
moi, j'ai jamais fait.



Oui, j'étais pompier avant et du coup, pour moi, c'est...



je touchais déjà un peu à la corde,
et puis j'ai mis le pied dedans,
et maintenant je crois que je peux plus en sortir, quoi, clairement.



Grégory a choisi de s'appuyer sur l'expérience et la force tranquille de Cyril Petit.



Le problème c'est que c'est une voûte où
toutes les pierres sont tenues les unes entre les autres.



Dès le moment où vous en enlevez une, c'est comme un château de cartes.



On sait pas ce qui tient, ce qui va pas tenir.



Là, c'est vraiment une opération, on n'est pas à l'abri.



Faut être très, très vigilant.



J'ai rappelé aux équipes que la plus important c'était nous-mêmes.



Il y a des pierres qui tombent.



Ça reste que de la pierre.



C'est pas... c'est pas... c'est pas un homme.



Tu vois bien qu'il y a une fissure qui s'est créée.



À n'importe quel moment, la pierre elle peut tomber sur son tibia, sur son genou.



C'est... c'est dangereux pour lui.



Vu le contexte, Grégory descend soutenir Cyril.



L'action est dirigée à distance par leur responsable Guérin.



Il y a toujours une part de doute.



C'est un édifice incendié, avec une voûte qui s'est effondrée.



Il reste des pièces en suspension.



On peut pas être sûrs à 100 % qu'en retirant cette pierre,
les autres vont pas tomber ainsi de suite.



Ok, ça bouge, ça, ça, ça bouge, ça là, ça bouge.



C'est quoi? C'est tout le bloc?



Non, c'est celui-là, juste celui-là.



Bouge celui-là et celui-là, juste.



Celui-là, il bouge pas.



Mais comment ça se fait qu'il ait bougé?



Là, on va enlever de la compression sur celle en dessous.



Elle va s'ouvrir un petit peu, mais elle partira pas, je pense.



Celle-là, elle bouge pas. Est-ce que je peux tenir celle-là?



Tiens les deux, si tu peux.



Ok, là, j'ai un départ. Je pense qu'elle va partir vers moi.



Laisse-la en tension, Cyril.



Là, tiens.



Attends, attends, attends.



Pose la tienne.



Je peux la mettre dans le sac, c'est pas grave.



Ça bouge, ouais, ouais, ouais.



Pose-la, Cyril, pose-la dans le sac.



Celle-là, elle va rester là, elle va pas bouger.



Il faut l'évacuer.



C'est le poids de celle d'avant, il faut tenir celle d'après.



Là, il va falloir qu'on aille enlever celle de Coco. Il tient là.



Il faut pas qu'elle se lève. Si elle se lève,
et qu'elle emmène le reste, tout dégage.



Là, il faut revenir vers toi.



Voilà, super, parfait!



Allez, c'est bien, c'est bien.



Les mortiers sont clairs.



Ça veut dire que la pose elle a vraiment dû être rapide.



Quand on va faire les dosages à l'intérieur des mortiers,
pour voir s'il collait pas déjà un peu de plâtre dès le 12e siècle.



Et ça c'est vraiment intéressant qu'on puisse les avoir.



Il y a quelques fossiles qui passent.



Qui montrent qu'on est bien dans des pierres de Charenton, de Paris.



Jusqu'au 18e siècle, on voyait très bien le pont de Charenton.



Et le pont de Charenton, c'est l'endroit où une partie des pierres a été extraite.



Et l'autre point de production, c'est derrière le Panthéon, là-bas.



Alors là, ils voyaient moins directement, mais ils descendaient la Bièvre
et arrivaient au pied de la cathédrale.



Donc, du haut du chantier, ils voyaient les bâteaux de pierres arriver.



Nous qui avons pas de connaissance,
plus on avance et plus on défait des voûtes,
on se rend compte la technique qu'ils avaient à l'époque.



Et c'est impressionnant.



Ils ont beaucoup innové ici.



Et les innovations d'ici se retrouvent à nouveau dans d'autres édifices après.



Comme ça, on transmet dans le temps.



Ils ont cassé la baraque pour transmettre le savoir du chantier.



Ça se passe comment en bas?



Les pierres retirées, les cordistes reprennent le déblayage.



Ils s'astreignent à enlever chaque élément de la voûte endommagée.



Comme ce morceau de métal pris au piège du plomb fondu.



Pour nettoyer totalement une seule portion de voûte,
il faut 10 jours d'effort aux cordistes suspendus au-dessus de la pierre.



Comme leurs prédécesseurs des siècles passés.



Le travail de cordiste que nous avons aujourd'hui,
n'est que l'amélioration d'une manière de travailler médiévale.



Qu'il s'agissait de jointoyer le bloc à l'extérieur,
le gars qui faisait ça était pendu dans un sac de cuir à l'extérieur et jointoyait.



Ah, c'était des gens qui n'avaient pas le vertige.



C'est... nous... nous sommes dans un monde
où on a heureusement aussi tout mis en sécurité.



Parce que les accidents ça arrive quand même aussi.



mais nos gens du Moyen-Âge étaient aussi déjà cordistes.



Enfin, pour la première fois, une voûte est dégagée.



Le diagnostic tant attendu par les architectes peut être fait.



Soulagement général.



Cette portion est en bon état, elle ne s'effondrera pas.



Le peu que j'en ai vu,
je me dis normalement, si tout ça est pareil partout,
ça serait bien.



Seul problème, c'est qu'aujourd'hui, je ne sais pas si c'est partout pareil,
puisque j'ai toujours pas accès.



Tant qu'on aura pas fini le diagnostic,
le préfet de police de Paris ne lèvera pas l'arrêté de péril.



On ne peut pas garantir et certifier que le bâtiment peut ne pas s'écrouler.



Il reste de nombreuses voûtes à nettoyer.



Le travail de forçat n'est pas prêt de s'arrêter.



Il va même se compliquer, car l'été s'installe.



Et avec lui, c'est forte chaleur.



Nous, on est sous système autoventilé de masque et les combinaisons,
et vu les efforts qu'on fait, les températures qui font,
on a des pauses régulières à prendre.



Plus il fait chaud, plus les pauses sont serrées.



C'est... c'est très dur à faire sous une température acceptable,
mais sous une température caniculaire, ça donne du crédit
aux équipes et à toutes les personnes qui travaillent sur le chantier.



Parce qu'on est pas les seuls.



Il fait 30.



Oui, 30, ouais.



On est trempés.



Avec la chaleur, la fatigue accumulée, à travailler 6 jours sur 7 depuis des semaines,
pèse encore plus.



Pourtant, les sauveteurs de Notre-Dame n'ont pas le choix.



La sécurisation doit continuer.



En ce début juillet, les tailleurs de pierre
offrent un intrigant ballet aérien aux touristes et aux passants.



Les fleurons, ces sculptures de 300 kg,
sont retirés en vue d'une intervention d'envergure.



Une étape cruciale dans la course contre l'effondrement se prépare.



Les arcs-boutants, ces gigantesques bras de pierre qui soutiennent les murs,
doivent être consolidés par des attelles de bois à leur mesure.



Au-delà du chantier,
le sauvetage de Notre-Dame se fait aussi dans les ateliers de France.



Les cintres, comme les appellent les charpentiers,
sont fabriqués sur mesure au millimètre près.



La découpe et l'assemblage doivent être d'une précision absolue.



Chaque pièce, c'est unique,
et toute erreur pourrait être fatale lors de la pose.



Il y a 32 mastodontes de 16 m de long et de 8 tonnes chacun.



Pendant ce temps, les tailleurs de pierre continuent de préparer le terrain,
jusque dans les recoins les plus cachés de Notre-Dame.



Vas-y, vas-y, rentre, rentre.



Sous les arcs-boutants, à 30 m de hauteur,
ils entrent dans les murs, un endroit que très peu d'hommes ont foulé.



Ces compagnons renforcent certaines parties du bâtiment médiéval,
pour l'aider à supporter le poids de ces énormes cintres.



Là, ce qu'on voit, c'est toute la structure cachée de Notre-Dame qui tient à l'édifice,
avec un remplissage comme des culs de bouteille,
qui sont fabriqués en terre cuite,
qui sont vides, qui permettent d'alléger la structure.



Toutes les pierres sont égales les unes aux autres,
et qu'elles sont toutes aussi importantes,
qu'elles soient dans les fondations, cachées en structure,
ou sur un fleuron, à briller à l'extérieur.



L'une peut pas aller sans l'autre.



Et c'est un endroit qui est ouvert peut-être une fois tous les 50, 100, 150, 200 ans.



On est tombés sur un petit bout de journal qui racontait l'affaire Dreyfus,
donc qui lui est là depuis, je pense, un petit moment,
puisqu'il est pris dans des toiles d'araignées.



Il va rester là encore pour les prochains.



Près de 3 mois après l'incendie,
ce sont des travaux d'une ampleur jamais réalisée qui commencent sur Notre-Dame.



Quand les premiers cintres arrivent,
ces cintres passent entre les mains des charpentiers et des grutiers.



Installer un poste d'assemblage pour des pièces au gabarit aussi disproportionné
est un défi en soi.



La mise en place mobilise une vingtaine d'hommes,
aidés de puissantes grues.



Comment ne pas se sentir intimidé face à l'immensité de la cathédrale
et au génie de ses bâtisseurs ?



Là, ici, nous on met des grosses structures en place,
mais on a tout le matériel adéquat.



Quand la cathédrale s'est faite, c'était pas le cas.



Donc, il devait avoir beaucoup de boulot de réflexion
pour pouvoir monter toutes ces pièces et tout ça, quoi.



C'était, c'est ça qui est impressionnant.



- Ça va ? - Et toi, maintenant ?



C'est quelque chose d'habituel niveau des assemblages,
mais oui, pour le coup, c'est une première pour moi,
de par la taille et la dimension des éléments.



Effectivement, j'ai jamais travaillé sur des dimensions comme ça.



Ce qui m'a impressionné, c'est ces tailles d'étais que l'on redresse.



On a tous les craquements dans le bois possibles ou inimaginables
lors des manœuvres de levage.



Je suis tellement concentré que ça laisse pas le temps à la réflexion, en fait.



Il n'y a aucune caméra en haut des grues,
aucun moniteur dans la cabine de pilotage.



Une fois que les cintres seront passés derrière ces hauteurs,
le grutier travaillera à l'aveugle.



Tu vas pouvoir commencer à démâter gentiment pour nous.



D'un moment à l'autre, ils ne voient plus du tout leur charge.



Donc, ils sont plus à gruter à vue,
ils sont à gruter à l'oreille.



C'est-à-dire au commandement qu'on leur donne.



Et ouais, ça c'est assez impressionnant pour moi.



Encore un peu, bon, nickel.



Tu peux commencer à démâter gentiment.



Cette voix qui murmure,
c'est celle de Mehdi Dali, le coordinateur des grutiers.



Il endosse une responsabilité de taille à seulement 27 ans.



Quand le grutier il voit rien,
on devient ses yeux, notre voix devient ses yeux.



J'ai pas le droit à l'erreur.



10 tonnes qui tapent, ça peut faire des dégâts.



Comment on va faire pour l'installer ?



Le cœur bat beaucoup, bat vite, faut regarder partout, en fait.



Partout, au pied, en haut, en bas.



On reste comme ça, on attend 2 minutes, reste comme ça devant.



C'est bon.



À la main, déjà, on va remettre droite, parce que là en bas, ils sont dedans,
et l'autre côté, c'est complètement à l'extérieur.



Il vous manque quoi ?



Par là-bas, un tout petit peu.



Sur la gauche, à gauche, monte un tout petit peu.



C'est coincé, je te dis, c'est coincé.



On avait énormément de chance de pouvoir casser un arc-boutant
et mettre au sol un arc-boutant.



Je pense qu'il aurait pu avoir une réaction en chaîne après.



C'est un peu le château de cartes, quoi.



Il y a un arc-boutant qui tombe, le deuxième et ainsi de suite.



Mon cerveau il tourne, il réfléchit.



Il pense à tout, se dit : "Attends, si je fais comme ça... "
C'est bon ou pas bon ?



Aussi, je réfléchis à plein de solutions,
mais ça se passe très vite.



Après, moi, j'estime la meilleure solution qu'il faut faire,
et je la fais, quoi.



Tout se joue à quelques millimètres
et aux mots choisis par Medhi.



Arrête de baisser les chaînes… un peu, un peu… nickel, c'est bon, stop.



Il y a aucun jeu au niveau des boulons d'assemblage.



C'est impeccable.



Et une fois qu'il est posé, un espèce de soulagement qui se fait automatiquement.



C'est ça, y est, c'est fait.



Sérieux, le professionnalisme, les précautions, les calculs,
ce sont les meilleures entreprises que vous avez là.



Ma famille a... toujours besoin, entre guillemets, de... vivre.



Je suis pas issu d'une famille qui a beaucoup d'argent,
donc je suis très fier de participer à ce chantier, très très fier.



Peut-être une récompense, c'est peut-être un départ.



Un beau départ.



La pose des 32 cintres durera plusieurs semaines,
nécessitant chaque fois une minutie et une cohésion rares.



Ce chantier hors du commun pousse nos bâtisseurs vers l'exceptionnel.



Dans l'histoire de l'architecture,
le sauvetage de Notre-Dame fera date.



Mais c'est une maîtrise hallucinante !



Au début, je leur demandais même pas tant,
j'étais là : "Mettez-moi des tubes comme ça, t'inquiète pas."
et ils m'ont donné le chef-d'œuvre.



Quand il y a une réussite, elle est collective.



qu'on a un échec, il est collectif.



Il y a pas, on finit pas par : "C'est la faute de... "
C'est notre faute, c'est grâce à nous.



C'est toujours ça, marche toujours comme ça.



L'humain bien géré, on déplace des montagnes avec ça.



Moi, j'ai besoin de ça pour évoluer sur un chantier.



On est portés dans une espèce d'euphorie et de fraternité
qui fait que ouais, on est convaincus que on va y arriver.



On sait pas en combien de temps, on sait pas comment,
mais on va y arriver tous ensemble.



En apprenant à se connaître et à se faire confiance, surtout.



On arrive à faire de belles choses.



La confiance, c'est la base de tout.



Même dans la vie et sur la cathédrale, c'est pareil.



25 juillet, la canicule est à son paroxysme.



À Paris, les températures dépassent les 40 degrés.



Les pierres imbibées d'eau depuis l'incendie se rétractent
sous l'effet de cette chaleur extrême.



En séchant, des joints se détachent et chutent.



Mais la nouvelle tombe soudainement :
le chantier est suspendu par la préfecture jusqu'à nouvel ordre.



Afin de mettre en place de nouvelles mesures contre le plomb.



Un arrêt brutal pour les sauveteurs de Notre-Dame.



On est là aujourd'hui avec le temps.



On sait pas du tout comment la semaine prochaine ça va se passer.



Le dilemme, c'est : est-ce qu'on va pouvoir intervenir sur un bâtiment
faut vraiment faire ces opérations de sécurisation assez rapidement.



Mais en même temps, il y a l'arrêt du chantier qui concerne aussi,
puisque c'est pour le bon fonctionnement et la sécurité de tout.



Les travailleurs sont renvoyés chez eux pour une durée indéterminée.



La cathédrale se vide.



Seuls les touristes s'agglutinent encore devant ces grilles.



Quel danger représente réellement le plomb dans Notre-Dame ?



Nul ne peut encore apporter de réponse.



C'est le principe de précaution qui l'emporte.



Les hommes avant les pierres.



Après une suspension de 3 semaines, le chantier reprend.



Mais le rythme a radicalement changé.



Les cintres continuent d'être installés sous les arcs-boutants,
et les plateformes sur les voûtes.



Pourtant, le nombre d'ouvriers autorisés sur le terrain est fortement réduit,
et la plupart d'entre eux est mobilisée sur les derniers aménagements
imposés par les nouvelles normes contre le plomb.



Notamment l'expansion de la base vie.



La course contre la montre se heurte au protocole de sécurité.



Ça s'est tellement bien passé de manière tellement fluide,
qu'on se dit que c'est un chantier normal.



Non, ce n'est toujours pas un chantier normal.



On est toujours sous la menace de l'effondrement de la cathédrale de Paris.



Si quelqu'un se contamine au plomb,
on a quand même des moyens de le guérir, au moins partiellement.



Si une voûte qui s'effondre avec un bonhomme en dessous,
c'est immédiat.



Toute la difficulté, en fait, c'est de trouver la hiérarchie du risque.



3 mois s'écoulent dans la torpeur.



Le programme élaboré par les architectes prend un retard considérable.



Les tenues de travail changent,
mais les règles drastiques imposées pour limiter les risques de contamination
compliquent encore plus la tâche des compagnons.



Nos compagnons sont dans le chantier.



S'ils veulent aller aux toilettes, ils sont obligés de repasser par les douches.



Est-ce que ça c'est du bien-être ? Non.



Quand on passe entre 4 et 8 douches par jour,
je pense pas que les compagnons y aient un côté bien-être.



On rattrapera jamais notre temps, d'accord.



Les process qui sont mis encore aujourd'hui en place,
vont pas dans le sens de dire : "On va aller plus vite."
Et aujourd'hui, ce qui est important pour nous, c'est de sauver le malade.



On est des urgentistes.



On l'a mise sous réanimation.



Elle est sous perfusion.



Mais elle est pas encore sortie de cette zone d'urgentiste.



En novembre, cet immobilisme est devenu insupportable pour Philippe Villeneuve.



L'architecte en chef s'éloigne une journée afin de calmer son impatience
et trouver un nouveau souffle.



C'est vrai, ça fait 6 mois, je m'en sors pas de ma cathédrale, en fait.



Parfois, j'ai l'impression d'être dans un rêve,
où je cours, je cours, je cours, mais j'avance pas.



Et des fois, je pleure beaucoup.



C'est pas chic d'avoir Notre-Dame.



C'est pas génial d'avoir Notre-Dame.



C'est une charge, c'est un poids énorme d'avoir Notre-Dame.



Je bouscule.



Je suis en fait, alors, je suis dans un état de colère.



Je suis furieux, ça veut rien dire.



C'est vraiment colère.



On fait passer des priorités qui ne sont pas prioritaires à mes yeux,
parce que ma priorité et la priorité de l'humanité,
c'est de sauver ce patrimoine.



C'est pas la priorité d'un archi ou deux, trois personnes.



c'est la priorité de l'humanité.



C'est le patrimoine mondial de l'humanité là qui est blessé.



Donc, ça doit concerner tout le monde.



Le train mène Philippe vers les miraculés de l'incendie :
les statues dessinées au 19e siècle par Eugène Viollet-le-Duc,
célèbre architecte de Notre-Dame.



Par chance, ces statues qui entouraient la flèche
ont été retirées 4 jours avant le drame pour être restaurées.



Ah, je suis heureux.



Mais je pensais que ça me ferait rien.



Mais non, c'est pas possible.



C'est évident qu'on va les remettre.



Oui, bien sûr.



Ce cuivre là, c'est comme la cuisine.



Le savoir-faire d'essuyer à mordoré qui donne ces effets.



C'est magnifique, c'est ça qu'il me faut.



Ça va être quand elles vont sortir ! Oh là là, qu'est-ce que j'ai hâte de les voir.



La profondeur, la brillance, ça va être magnifique.



Elles vont être belles, ces statues.



Et là, il va être content, mon Rémi.



Il est en taule, mais sur permission quand même.



C'est un bout de la cathédrale, ça.



Moi, quand je rentrais dans la charpente de la flèche,
je disais toujours aux visiteurs ou même à moi tout seul :
je disais : "Je suis dans le cerveau de Viollet-le-Duc."
Et là, en fait, on touche.



Quand elles étaient à leur place, on pouvait pas les toucher.



On pouvait pas.



C'est à la fois dur, parce qu'il n'existe plus l'endroit où elles étaient,
mais en même temps, on se dit : "On les a, on peut refaire."
La restauration n'est pas encore d'actualité,
mais c'est bien cet objectif de rebâtir
qui pousse nos hommes à avancer dans leur mission de sauvetage.



Et enfin, en décembre, 8 mois après l'incendie,
le chantier renoue avec la réussite.



Tous les cintres sont maintenant posés.



Cette étape est déterminante dans la sécurisation de l'édifice.



Le château de cartes n'est plus.



Si une voûtre venait à tomber, ces cintres empêcheraient les murs de lâcher
et la cathédrale de s'écrouler.



Ce succès majeur pour l'équipe de Notre-Dame impulse un nouvel élan.



Une autre avancée essentielle se cache entre les murs de la cathédrale.



Après des mois de labeur,
la nef est enfin débarrassée de ses gravats.



Le cœur de Notre-Dame retrouve un peu de son éclat.



Un monument comme celui-ci,
il est chargé d'un symbole,
dans lequel il y a énormément d'amour et de passion.



Et donc, quand on voit disparaître ses symboles,
ses êtres chers, en fait, chargés d'humain,
on se dit : "Ça y est, c'est la mort qu'on voit."
Un monument, on a le pouvoir de le refaire, ressortir, de le refaire jaillir.



Ça c'est absolument génial, c'est plein d'espoir.



L'espoir pour Philippe, c'est aussi de pouvoir se débarrasser du plomb
qui parasite le chantier autant qu'il salit la cathédrale.



Heureusement, le drame a soulevé une vague d'entraide internationale.



De nombreux spécialistes ont proposé leur compétence pour assister les sauveteurs de Notre-Dame.



Bartosz Dajnowski, un chercheur américain,
a mis à disposition du chantier une technologie redoutablement efficace.



Premier test avec son laser de nettoyage sur les pierres récupérées dans la nef.



On utilise souvent cette technologie à base de laser
pour retirer le plomb après un incendie.



Aux États-Unis, nous avons nettoyé les façades de la Cour suprême
et celle du Jefferson Memorial.



Ce laser fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7,
donc vous pouvez avoir trois équipes : le matin, l'après-midi et le soir.



Et le laser fonctionnera nonstop pendant des mois.



Pour moi, c'était comme une évidence : je devais aider.



Donc, je suis venu bénévolement.



Mais c'est très gratifiant.



Car plus tard, j'aimerais dire à mes enfants :
que j'ai contribué à la préservation de Notre-Dame.



Il faudra sans doute des années
pour nettoyer les dizaines de milliers de m² de sols, de murs et de plafonds.



Mais la solution existe.



Avant de pouvoir libérer Notre-Dame de ces poussières toxiques,
il reste un point crucial à régler.



L'échafaudage calciné.



Après, voilà, il y a toujours quelqu'un qui va peut-être dire :
"Comment ça se fait que c'est toujours pas démonté ?"
"Comment ça se fait que ça, c'est les gens visuellement qui voient ça d'en-bas ?"
J'ai entendu tellement de choses.



On vient avec une grue, on le lève, on l'enlève. Oui, bien sûr.



Comme ça, on a tout qui s'écroule.



Et puis hélicoptère, nous on y a pensé aussi.



Mais on va se faire crasher un hélicoptère au-dessus de Notre-Dame. Bravo !



Il faut prendre soin à ce que cet échafaudage,
en le démontant, ne s'effondre pas.



Il y a une quarantaine de milliers de pièces dans cet échafaudage,
qui sont un peu mélangées les unes aux autres.



Et il faut être très prudent dans son démontage.



Enlever les tubes d'acier un à un prendra des mois.



La structure de la cathédrale étant désormais consolidée,
cette opération va bientôt pouvoir commencer.



La première étape est de taille.



Installer une des plus grandes grues d'Europe au pied de Notre-Dame.



Moi, je vais arriver à côté de porte, toi, tu bouges pas, bloque !



Attends, attends, stop, stop, stop, bouge pas !



Attends, attends, attends.



La grue fait 80 m, l'équivalent d'un immeuble de plus de 25 étages.



Seul un tel engin est assez puissant pour
permettre aux ouvriers d'intervenir sur le sommet de l'échafaudage.



Les grutiers doivent assembler cette géante de fer
dans un espace exceptionnellement réduit.



Décidément, tout dans ce chantier est un challenge.



Une grue de 80 m charrie avec elle tous les superlatifs du monde.



Immense, disproportionné.



Chaque outil, chaque cheville est gigantesque.



Pour raccorder les différents éléments,
deux autres grues sont nécessaires.



À ce stade du montage, une météo d'un calme absolu,
sans un souffle de vent, est nécessaire.



Une plage où on a pas de vent,
ça nous laisse le temps de l'aligner au-dessus de la Seine.



Ok, notre ennemi c'est le vent.



En fait, on profite de pas avoir de vent aujourd'hui
pour avancer au maximum.



Pour assembler les derniers éléments, des hommes sont envoyés à 80 m de hauteur.



Il met 10 minutes pour atteindre le sommet.



Attention, j'arrive !



Donc, là, c'est un levage qui est impressionnant, effectivement,
parce qu'on survole l'eau.



Donc, là, on a une coupure de toute la navigation fluviale,
parce que c'est principalement des péniches, un péniche et des bateaux-mouches.



On a une plage horaire de 4 heures
pour rassembler notre flèche.



Voilà, donc c'est vraiment l'objectif.



C'est très délicat, il faut que ça arrive exactement dans les encoches prévues.



Ça rentre pas !



Voilà, c'est quand même assez sécure.



Ah, c'est une opération extraordinaire !



On est dans les opérations qu'on fait pas souvent dans sa vie.



C'est pas un chantier commun.



Je sais pas comment le décrire, mais on ressent quelque chose.



Cette grue va permettre de rattraper le temps perdu.



Les équipes vont pouvoir travailler simultanément sur l'échafaudage et les voûtes,
dont le déblayage accuse beaucoup de retard.



Janvier, nouvelle année, nouveau souffle sur le chantier.



Pendant que la sécurisation de l'échafaudage s'organise,
le nettoyage des voûtes reprend.



Et sur l'une d'elles, ce matin, un architecte entre dans la peau d'un cordiste.



9 mois après l'incendie,
des centaines de m² croulent encore sous les gravats.



Rémi Fromont s'est formé avec les cordistes,
il part organiser le déblayage d'une zone aux décombres précieux.



Les bois de la charpente médiévale de Notre-Dame,
c'est en expert qu'il va se suspendre au milieu des vestiges de celle que l'on appelait "la Forêt".



Car pendant ses études, Rémi a passé 1 an à la dessiner,
un travail qui prend encore plus de sens aujourd'hui.



Tu vas avec lui ? Oui.



Tu as fait une formation avec lui il y a quelques semaines,
tu vas sentir plus à l'aise après.



Pour Rémi, cette inspection à la corde est autant un saut en avant qu'un retour en arrière.



Quand on monte au niveau des voûtes, qu'on voit ces bois,
qui sont effondrés, qui sont brûlés, calcinés.



À chaque fois, en fait, il y a une émotion extrêmement forte qui remonte.



Pour moi, en fait, c'est une partie de mon histoire qui est partie en fumée.



Je pense que je serais pas un chef des monuments historiques
si j'avais pas fait le relevé des charpentes de la Cathédrale de Notre-Dame de Paris.



En fait, moi, quand je vois un bois de Notre-Dame qui est par terre, de la charpente médiévale,
il y a une bonne partie je peux dire d'où ils viennent, en fait.



Et je me les restitue mentalement où c'était.



Il faut qu'on transmette tout ce qu'on a pu savoir,
tout ce qu'on a pu voir, avant que nous-mêmes l'oubliions
ou que nous-mêmes disparaissions.



L'idée c'est de s'effacer.



Pour moi, le meilleur projet de restauration,
c'est le projet, en fait, on voit pas quasiment que de la restauration.



J'ai pas d'enfant, mais ma fonction aussi c'est de
transmettre mon métier,
ou de transmettre l'amour de cette cathédrale au suivant.



Personnellement, je suis vraiment à la fois heureux, soulagé qu'il soit là,
mais en même temps, je suis perdu d'admiration.



Et je vois en lui mon... mon pas, mon héritier ?



Mon successeur. Héritier, ça serait présomptueux.



Parce qu'il a déjà tellement de choses que...



Ça c'est assez magique, en fait.



C'est moi, c'est la première fois en tant qu'architecte
que je me retrouve sur au bout d'une corde.



On se rend compte que les voûtes, par endroit, on a quand même un petit fracturé.



Ça c'est une mauvaise surprise.



D'autres endroits, là, en très bon état.



C'est la bonne surprise.



Donc on a hâte de d'abord continuer le déblaiement.



Sur une des voûtes fragilisées, Rémi a récupéré une pièce de bois de 700 kg, partiellement intacte.



Un trésor pour le jeune architecte en chef comme pour les archéologues.



Il faut la dégager en priorité.



L'équipe élabore la stratégie pour extraire ce vestige rescapé des flammes.



La zone étant instable,
tout est minutieusement préparé.



Horizontaux 7 mm, c'est 8 mm là, c'est ça ?



Ouais, c'est ça.



L'intervention va débuter ce matin.



Bonjour monsieur, ça va très bien.



Mais les cordistes ne seront pas les seuls à manœuvrer sur les hauteurs.



La grue est en action autour de l'échafaudage.



La course a repris.



Chaque jour, les différentes équipes se coordonnent.



- Tu as combien de gars ici et combien de gars là ? - 4 et 6.



Les tâches se superposent, les risques aussi.



Aujourd'hui, deux opérations délicates vont être menées en parallèle.



Tandis que les cordistes travailleront sous ce plancher en bois,
les grutiers, les échafaudeurs et les charpentiers, eux,
à l'aide de la grue de 80 m,
vont poser au pied de l'échafaudage d'énormes structures nécessaires pour le sécuriser.



La difficulté déjà sur la voûte, c'est l'isolement.



On est sur une partie très difficile d'accès.



En cas d'alerte d'effondrement d'échafaudage,
le temps de sortir du poste et le temps de sortir de la cathédrale,
c'est quelque chose de dangereux.



Dès que tu pars quelque part d'inaccessible,
tu penses tout de suite dans ta procédure au secours, c'est obligatoire.



Les cordistes amorcent leur descente sur les voûtes.



30 m plus bas, les charpentiers, les grutiers s'organisent.



André, toi, tu montes ; vous montez tous les deux.



On envoie le, on envoie le bestiau.



On va pouvoir y aller.



L'assemblage de 10 tonnes s'élève.



Pendant que les cordistes s'enfoncent dans la forêt de décombres,
pour en extraire en suspension la poutre de 700 kg.



Vas-y, lève, lève doucement, lève doucement.



Doucement, doucement, donc vas-y, vas-y.



Encore, stop, stop !



Tirez-la, tirez-la, les gars, allez !



Julien, ça va taper dans les chars ! Oh putain !



Évacuez les gars, évacuez les gars !



Sous ces planchers, les cordistes n'ont aucune idée de la situation extérieure.



Seule l'alarme les informe qu'ils doivent évacuer immédiatement.



L'alarme s'arrête aussi soudainement qu'elle s'est déclenchée.



Les hommes reprennent leur souffle.



L'échafaudage a frémi, mais il a retrouvé son équilibre.



Les manœuvres peuvent reprendre dans le calme.



Ce monstre de métal pèse autant sur la cathédrale que sur l'esprit des hommes.



L'échafaudage, il obsède un peu tout le monde.



On voit que ça, en même temps,
on a qu'une envie, tout le monde a qu'une envie :
c'est de plus le voir.



Mon envie, c'est de combattre contre l'échafaudage.



C'est ça, c'est un combat de boxe, c'est lui ou nous.



Tant que l'échafaudage il est pas au sol,
pas un jour de repos, pas de vacances.



On fera une belle fête quand il sera en bas.



Mais la fête, je la fais avec tout le monde.



je veux pas qu'ils me manquent.



L'alarme a rappelé à tous qu'ils manipulent des milliers de kilos dans un espace dangereux.



Mais rien ne les arrête.



Ils ont un échafaudage qui peut leur tomber dessus à tout moment,
ils ont des voûtes qui peuvent s'effondrer,
ils sont suspendus à des cordes,
enfin c'est quand même des conditions de travail épouvantables, dures.



Et ils sont toujours là,
toujours avec le sourire.



- C'est comme si t'enlevais la crème Petit Marseillais. - Ah ouis !



Prends ta douche (...)



Allez, dégage !



Mars rapproche ces hommes du but qu'ils poursuivent depuis près d'un an.



La dernière étape du sauvetage de Notre-Dame :
la sécurisation de l'échafaudage instable.



Après avoir étudié toutes les possibilités,
les architectes en chef ont opté pour une solution :
cerner l'échafaudage par d'énormes poutres pour l'empêcher de bouger.



Si jamais il doit s'effondrer,
c'est très rare, en fait, que ces éléments-là partent d'un coup comme ça à vertical.



En fait, il risque plutôt de se comporter comme ça.



Donc, en fait, on sait pas trop exactement comment ça va se passer,
mais il risque simplement de s'ouvrir.



Donc, si on met une ceinture autour,
il peut plus s'ouvrir.



Les équipes se mettent en place.



C'est l'une des interventions les plus dangereuses depuis le début des travaux.



Les alentours sont bouclés et le chantier évacué.



Pour la sécurité, on a aucune tâche autour de l'échafaudage.



On a uniquement ce qui se passe sur l'échafaudage qui fonctionne, c'est tout.



La stratégie est d'insérer, avec l'aide de l'immense grue,
des barres en métal de 28 m à l'intérieur de l'échafaudage.



Comment va-t-il réagir ?



Un ingénieur surveille ses moindres mouvements,
grâce aux capteurs posés sur la structure.



Allez, donne-moi-ça.



Franck Pagnussat, le chef de l'opération, oriente le grutier pour introduire chaque barre
le plus délicatement possible.



On avance encore un peu, encore un peu, encore, encore.



C'est pas mal, encore un peu.



Cette poutre de 750 kg oscille dangereusement.



Il faut à tout prix la stabiliser.



Stop, stop, stop !



Encore, vas-y, vas-y, vas-y.



La barre en métal est relâchée trop brusquement.



L'alarme se déclenche.



Oui, en ce moment, c'est la vibration.



(- Fais bouger.) - À cause de la poutre, c'est peut-être en la posant.



Si on monte à l'alarme et tout pendant le niveau 2,
vous devez regarder le graphique avant que les gars continuent.



Pour l'instant, ils sont en retrait.



Ça sonne encore, oui, la vibration.



Le temps semble suspendu.



Chacun scrute le monstre qui frémit.



L'alarme s'arrête.



Le danger est passé.



Manifestement, c'est lié au fait qu'ils ont posé la poutre.



Là, ça a créé une vibration sur l'échafaudage,
qui s'est immédiatement rapportée sur les capteurs.



ça a sonné dans tous les sens.



Et maintenant, en fait, c'est revenu en état stable et au même niveau qu'au niveau initial.



Donc, on considère qu'il n'y a plus de … il y a aucun problème.



Une fois les barres solidement fixées,
l'échafaudage est totalement immobilisé.



Voilà, ça y est, c'est posé. Bravo !



C'est des choses qu'on prépare depuis des semaines, mine de rien.



Et ça c'est bien.



On va pouvoir travailler là.



Ils ont réussi.



Ceinturé par ces grandes poutres rouges,
le monstre de métal n'est plus une menace.



Notre-Dame est enfin sauvée.



Moins d'un an après l'incendie qui a ravagé la cathédrale de Paris,
les principaux dangers d'effondrements sont désormais écartés.



Chaque homme et chaque femme ayant travaillé pour ce chantier hors du commun
a accompli une tâche historique.



Oui, je suis très fier, je suis très fier !



Et ça va traverser le temps.



Je pourrai raconter à mes enfants, à mes petits-enfants que j'ai participé à tout ça, quoi.



Je suis très, très, très, très fier de, je veux dire, mes gars.



Le chantier peut avancer vers sa prochaine mission.



Bientôt, il va falloir reconstruire,
démonter l'échafaudage, nettoyer et réparer les voûtes,
refaire la charpente.



Beaucoup de questions demeurent.



Va-t-on restaurer à l'identique,
ou mettre l'empreinte de notre siècle ?



Philippe Villeneuve reverra-t-il la flèche et ses statues sur le toit de Notre-Dame ?



Quels que soient les choix qui seront faits pour la reconstruction,
rien n'aurait été possible
sans le talent et la détermination de ces bâtisseurs.



Vous savez, les pompiers ont sauvé la cathédrale,
eux, ils ont sauvé aussi la cathédrale.



Moi, j'ai une chance inouie.



J'ai un métier, quand d'autres ont un emploi.



Vous savez, un emploi, on peut le perdre,
mais un métier, on peut jamais le perdre.



Comme leurs prédécesseurs,
le temps effacera de nos mémoires les noms et les sourires de ces héros.



Pourtant, chacun de leurs gestes, chaque risque pris,
rayonnera dans les pierres de Notre-Dame pendant des générations.

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